[Podcast] Les Sériethécaires, épisode 8 : Un, deux, trois, séries

Version audio sur Youtube :

Version texte de l’épisode :

Bonjour et bienvenue chez Les Sériethécaires, le podcast produit par la médiathèque Marguerite Duras consacré aux séries et aux cultures populaires. Pour cet épisode, nous allons reprendre la formule « un, deux, trois, séries » inaugurée dans l’épisode 4 et je vais laisser le micro à mes collègues Prescillia, Florence et Sandrine afin qu’elles vous parlent de leurs séries préférées. C’est à vous !

Maison close, présentée par Prescillia

Trois femmes de face en nuisette. La phrase "nous faisons tout sauf l'amour" est inscrite sur leurs corps, comme un tatouage.

Bonjour je suis Prescillia.

Je vais vous parler de « Maison Close », une série originale Canal+ créée en 2010 par Jacques Ouaniche et réalisée par Mabrouk El Mechri. Elle dure deux saisons avec un total de 16 épisodes. La série se situe dans le Paris de la dernière moitié du 19e siècle.

On suit les intrigues de plusieurs femmes dans une maison close réputée appelée « Le Paradis ». L’histoire s’ouvre sur une jeune femme, quasiment filmée à la première personne, venue à la capitale à la recherche de sa mère biologique ; une fois passées les portes du Paradis, elle est contrainte d’y rester pour rembourser sa dette. Le spectateur est désormais en immersion dans la maison close avec elle et en découvre tous les rouages.

Ce que je trouve de particulier à cette série c’est qu’on est dans un décor qui évoque le plaisir, la volupté, l’abondance avec une esthétique empreinte de classicisme avec des moulures, des grandes colonnes et un escalier de marbre blanc. C’est un lieu aux allures de temple qui fait appel aux sens, notamment le toucher, avec des drapés, des voiles, les tentures de velours ou les tenues fines en transparence des femmes. La lumière y est aussi particulière car dans le grand salon et surtout la nuit on est totalement coupés de l’extérieur. C’est plutôt une ambiance tamisée et intimiste avec un clair-obscur qui donne au corps un aspect presque sculptural. En fait le Paradis est un univers très glamour qui représente aussi la puissance du féminin et qui va de pair avec la réalité très violente du piège de la maison close et du système de l’époque. Ce qui me semble intéressant aussi c’est cette dynamique entre l’extérieur et l’intérieur de la maison close surtout par rapport au contexte politique de l’époque, à savoir la Restauration avec la brigade des mœurs, ce qui ajoute beaucoup d’enjeux aux sorties des prostituées et qui annonce certains bouleversements sur l’économie de cette époque.

Ce que j’ai adoré c’est la galerie des personnages féminins très bien travaillés avec une réelle évolution sur les deux saisons. Pour le casting on retrouve Anne Charrier dans le rôle de Vera, une prostituée, Valérie Karsenti dans le rôle d’Hortense la « macasse » et Catherine Hosmalin dans le rôle de la « sous-macasse ».  Peut-être que le nom de Valérie Karsenti vous dit quelque chose, c’est une actrice que l’on a vue dans la série « Scènes de ménages » je vous conseille cette série pour la voir dans un tout autre registre.

Ce que j’ai adoré aussi c’est le duel magistral entre Hortense, la macasse et Vera la prostituée la plus célèbre de Paris. Il y a entre elles deux une formidable lutte de pouvoir autant qu’une interdépendance entre ces deux figures car elles sont toutes les deux tiraillées entre le désir ardent de liberté mais également celui de dominer dans ce petit monde. J’entends lutte aussi également au vu de leur statut l’une par rapport à l’autre. Cette lutte pour le pouvoir est pour moi au cœur de la série  ; d’ailleurs à la fin de la saison 2 on arrive au paroxysme d’une situation très tendue et les bouleversements s’annoncent. Des bouleversements radicaux. A la fin de cette saison 2 il y a cette confrontation, ce dialogue très frontal entre ces deux personnages qui constitue l’une de mes scènes préférées. La série montre très bien que tenancière de maison Close ou prostituée, ce sont des femmes marginalisées et enfermées toutes les deux dans le Paradis.

C’est une série que j’ai beaucoup aimée mais que j’aimerais mettre en parallèle avec d’autres œuvres ; elle a : c’est la série un écho très fort avec une situation que l’on peut retrouver aujourd’hui dans notre contexte moderne. Il y a d’abord le film « L’Apollonide : Souvenirs de la maison close », un film de Bertrand Bonello sorti à la même période en 2011. Je fais ce parallèle entre les deux œuvres à cause de leurs sorties successives sur le même sujet et sur la même période historique mais également pour le formidable travail sur les décors, les costumes, le choix du casting, avec des propositions de personnages forts et charismatiques. Dans ce film on retrouve un casting de rêve : Adele Haenel, Noémie Lvovsky, Hafsia Herzi, Céline Sallette, etc. avec cette volonté de peindre des héroïnes complètement modernes. On retrouve aussi un formidable travail documentaire sur le contexte historique. Pour le film L’Apollonide, ce sont plutôt des couleurs rock alors que pour Maison close on est sur un répertoire très éclectique mais finalement totalement anachronique.

Ce que ces deux œuvres montrent c’est aussi cette particularité de la maison Close d’être à la fois un business, parfois une opportunité d’émancipation pour les femmes ; elles montrent également les conditions féminines sociales et politiques. Selon moi les deux œuvres tentent une approche au plus près des personnages avec une dimension empathique pour nous en faire sentir toute la complexité.

Un autre parallèle que j’aimerais faire c’est avec la série Harlots dont le titre en français est « Filles de joie ».  Elle est créée en 2017 par Moira Bouffini et Alison Newman  on sort ici du contexte français car l’action se situe en 1763 à Londres. La ville est en plein essor mais le choix des femmes reste très restreint et la prostitution est très répandue. Cette fois-ci on a deux maisons closes de niveau social différent tenues par des femmes que tout oppose et qui se livrent une guerre sans merci pour attirer la gente masculine et survivre malgré les coups bas.  Je vais faire un focus sur le personnage de Margaret Wells, la propriétaire du bordel de bas étage que je mets en relation avec Hortense, la macasse de Maison Close, parce que toutes deux sont des figures assez autoritaires avec un long parcours,  un long passé, elles ont toutes deux été prostituées par le passé. Margaret Wells, en véritable femme d’affaires, tient son établissement avec détermination, prête à toutes les ruses, mais elle garde cette part un peu mystérieuse, un peu sensible et maternelle, qui en fait un personnage très complexe.

Finalement ce sont des personnages auxquels on s’attache au fur et à mesure des épisodes.  Harlots est une série au ton humoristique avec de l’humour anglais et un casting de dingue, britannique et américain. On retrouve Jessica Brown Findlay que l’on avait vue dans Downton Abbey, Lesley Manville, Liv Tyler, que l’on ne présente plus, et Samantha Morton. L’intrigue se déroule sur trois saisons et c’est une série très rythmée.

Vous allez pouvoir retrouver les séries Harlots, Maison close et le film L’Apollonide dans les bibliothèques. A très bientôt.

Berlin 56, 59 et 63, présentées par Florence

Montage photo composé des visuels des trois miniséries : Berlin 56, Berlin 59 et Berlin 63. On y voit pour chaque minisérie, les 4 personnages féminins principaux.

Bonjour, je m’appelle Florence et je vais vous parler de la série Berlin.

Ce sont trois mini-séries allemandes déclinées par ordre chronologique : Berlin 56, Berlin 59 et Berlin 63, respectivement réalisées en 2018, 2020 et 2021. Chaque saison comporte 6 épisodes de 45 mn.

Ces séries sont issues d’un scénario de Anette Hess, écrivaine et scénariste allemande, et elles sont réalisées par Sven Bohse pour les parties Berlin 56 et 59, et par Sabine Bernardi pour la partie Berlin 63.

Au cours des trois mini-séries, on suit l’histoire d’une famille allemande à Berlin-Ouest, les Schöllack, quelques années après la Seconde Guerre mondiale, en 1956. Une mère et ses trois filles font face au nouveau monde qui se présente et aux changements en cours. La mère est propriétaire d’une école de danse de salon qui se situe sur l’avenue Kurfürstendamm qui donne son nom au titre original de la série : Ku’damm 56.

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Au travers de cette saga familiale, inspirée de récits de femmes de la propre famille de la scénariste, on assiste à une chronique de l’après-guerre dans l’Allemagne divisée, entre fantômes du nazisme, émancipation féminine et émergence du rock’n’roll.

Dans la 1ère partie, Berlin 56, Monika, la plus jeune des trois sœurs Schöllack, est renvoyée de l’Institut des arts ménagers. Elle tente de se jeter sous le métro, de peur d’être accueillie chez elle par les remontrances méprisantes de sa mère, Caterina, mais elle en est empêchée par un jeune inconnu. En effet, depuis le départ pour le front de son mari dont elle n’a plus de nouvelles, Mme Schöllack tient d’une main de fer ses trois filles et son école de danse de salon, la maison Galant. Elle est obsédée par l’idée de trouver un bon parti pour ses trois filles et se désespère du cas de Monika. Par contre, elle se réjouit des perspectives de mariage de ses autres filles : Helga va épouser Wolfgang, futur procureur général, et Eva fait les yeux doux au professeur Jürgen Fassbender, son chef, bien plus âgé qu’elle, à la clinique psychiatrique où elle travaille.

Caterina décide de prendre en main le destin de Monika et oblige Joachim Franck, le fils d’un riche industriel, à l’accompagner au mariage d’Helga afin de lui présenter Monika. Le jour dit, celle-ci découvre que son sauveur du métro, Freddy, fait partie de l’orchestre. Son embarras se change en ravissement lorsqu’il se lance dans un rock endiablé – au grand dam de Mme Schöllack, qui proscrit cette « musique de nègre » comme elle l’appelle.

Bien sûr, je ne vous dévoilerai pas ce qui arrive en cette fin d’année 56 puis dans les années à venir. Mais les trois filles de Caterina Schöllack vont avoir chacune un destin très différent, rythmé par de grands bonheurs mais aussi par des drames.

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Alors certes, cette série est très romanesque et peut parfois prendre des airs de mélodrame à l’américaine, mais elle offre aussi de grandes qualités de réalisation et une direction d’acteurs très efficace. On salue d’ailleurs l’interprétation de Sonja Gerhardt, Maria Ehrich et Emilia Schüle dans les rôles des trois sœurs, qui vont gagner en nuance et en maturité au cours des trois séries.

Mais ce qu’on apprécie surtout dans cette saga, c’est qu’elle est très bien documentée et qu’avec elle on traverse les grandes mutations sociétales et culturelles de cette période si particulière de l’Allemagne. Berlin, qui était une ville d’effervescence artistique et aux mœurs très libres jusqu’à l’arrivée au pouvoir des nazis, est devenue une ville puritaine. On y pourchasse les homosexuels et les communistes, et on traite les hystériques par électrochocs. Il ne fait pas bon déroger aux règles et/ou sortir de la norme.

Les trois sœurs Schöllack sont des enfants de la guerre et comme tous les jeunes gens de cette époque, elles souhaitent fuir au plus vite les fantômes du passé et rompre avec les valeurs réactionnaires de leurs parents. Quant à cette génération des parents justement, elle tente d’oublier sa responsabilité dans les crimes du nazisme. C’est le cas de Caterina, la mère, qui incarne parfaitement les convenances étriquées du passé ; elle est autoritaire, obsédée par la réussite et le qu’en-dira-t ’on, et elle a manœuvré pour acquérir gratuitement son salon de danse qui appartenait jadis à une famille juive.

Berlin 56 montre également à quel point l’oppression des femmes est grande à cette époque.  Mais déjà l’émancipation couve. Dès la deuxième partie, la révolte inévitable de la jeune génération arrive et se transformera en véritable conquête d’indépendance. Dans la série 63, c’est l’ère de la guerre froide. Le Mur qui sépare Berlin-Ouest de la partie Est, sous contrôle soviétique, est construit. C’est l’arrêt définitif des relations entre les populations des côtés opposés. On pénètre parfois dans l’univers morose de Berlin-Est, tandis qu’on assiste à la reprise économique à l’ouest où l’arrivée récente du rock’n roll bat son plein ! En effet, la jeunesse se grise de cette musique et la fureur de vivre envahit Berlin-Ouest, cachant toutefois un profond mal-être des berlinois. Le rock’n roll sera pour Monika, la plus jeune sœur, un moyen d’exprimer son talent et sa révolte et lui permettra de gagner sa liberté !

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En résumé, une série pas trop longue, avec des personnages vivants et très attachants et un portrait sans concession de l’évolution de la société berlinoise dans les années d’après-guerre ! Personnellement, je me suis beaucoup attachée aux personnages des trois filles, et notamment à celui d’Eva, l’une des trois sœurs, qui est prête à tous les bouleversements pour obtenir elle aussi son indépendance. Les personnages d’hommes sont également très intéressants, notamment celui de Fritz. On mesure tout son malaise et sa peine à avouer et vivre son homosexualité dans cette société qui la réprime, et celui de Joachim, personnage énigmatique et plutôt antipathique, mais que l’on finit par comprendre et presque plaindre. Mais, c’est sans doute le personnage de Freddy qui est le plus attachant. Bien que bringuebalé par la vie et en proie à un profond mal-être, il affiche toujours une joie de vivre communicative, une générosité sincère et une sensibilité à fleur de peau. C’est un roi du rock n’roll et la musique le portera plus que tout le reste dans cette vie qui n’a pas beaucoup de sens pour lui ! Il sera aussi toujours un soutien sans faille pour Monika.

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La série Berlin m’a parfois fait penser à la série américaine Mad Men même si elles ne se passent pas dans le même pays et pas vraiment à la même époque, mais surtout pour la description du statut des femmes et comment, au cours des années, elles trouvent à imposer leur place et leurs droits !

Les trois mini-séries ont eu un grand succès en Allemagne et Berlin 56 a d’ailleurs attiré jusqu’à 6,5 millions de téléspectateurs, soit 20 % d’audience.

Elles sont actuellement visibles en replay sur la plateforme Arte TV et sont disponibles en DVD dans les meilleures médiathèques de France et de Navarre.

Blackadder, présentée par Sandrine

Montage photo des différentes incarnations de l'acteur Rowan Atkinson dans la série Blackadder sur fond de drapeau britannique.

 Bonjour, je m’appelle Sandrine et je viens vous parler de la série Blackadder, en français La vipère noire (c’est une traduction littérale) qui est ma série préférée. C’est une série qui date un petit peu puisqu’elle a été produite par la BBC entre 1983 et 1989. Elle compte 4 saisons plus 3 épisodes spéciaux et elle a été diffusée par Arte en 1995. C’est donc à cette époque que je l’ai découverte, j’avais à peu près 13 ans. Elle passait les samedis en début de soirée moi je regardais Arte pour le programme qui suivait qui s’appelait Histoire parallèle et donc j’étais tombée sur cette série par hasard. Je pense que je n’avais pas vu le premier épisode mais j’avais vu le deuxième et j’ai tout de suite été fascinée par ce spectacle un peu bizarre.

Alors qu’est-ce que c’est Blackadder ? C’est une série historique et comique. Le personnage principal est joué par Rowan Atkinson donc ça donne tout de suite le ton humoristique de ce qui se passe et c’est une série qui se penche sur l’histoire anglaise. Chaque saison correspond à une époque. Pendant la première époque, on est à la fin du Moyen-Âge, pendant la deuxième, on va se retrouver à l’époque d’Élisabeth Ire,  Elisabeth La Grande, puis pendant la troisième saison on va se trouver au moment de la Régence chez les Britanniques donc pour vous situer, pour nous, en France, c’est entre la fin de la Révolution et le début de l’Empire ; enfin la dernière saison se passe pendant la Première guerre mondiale.

L’aspect historique est important puisque les personnages sont en costumes, qu’il y a des allusions à des faits historiques réels, mais en même temps avec de grandes libertés qui sont prises, notamment dans la première saison puisqu’on va imaginer que les guerres sanglantes de l’Histoire anglaise ont été gagnées par d’autres personnes que celles qui les ont gagnées en réalité et les enfants d’Édouard qui normalement étaient tués dans la dans la Tour de Londres sont arrivés à l’âge adulte et ont commencé à régner. On voit que ce n’est pas une grande réussite pour l’histoire anglaise puisque le roi est un soudard complètement stupide et son fils aîné ne vaut guère mieux. Notre héros Blackadder, Edmund, qui n’est pas le dauphin mais le prince cadet est absolument stupide, veule, lâche, il est ridicule, il essaye toujours de conquérir le pouvoir mais il n’y arrive jamais. Comme il est joué par Rowan Atkinson il a des tas de petits mimiques répugnantes qui sont très drôles à regarder.

Ce qui est amusant dans cette série c’est que l’on navigue toujours entre la fiction qui semble dire « on est en train de faire une série historique sérieuse qui va expliquer l’histoire d’Angleterre à notre public » et la parodie. Par exemple, dès le générique, on voit apparaitre la mention « dialogues additionnels de William Shakespeare ». En effet, des citations de Shakespeare vont être détournées, notamment, Edmund, le héros, va croire qu’il va être roi parce que, comme Macbeth, il va se promener dans la forêt et croiser une sorcière qui va lui dire qu’il sera roi et ça va « lui monter au cerveau ». C’est là qu’il prend le surnom de la vipère noire, Blackadder, surnom qui lui va très bien puisque la vipère est un animal fourbe rampant absolument négatif et c’est tout à fait ce qu’est ce personnage.

Edmund a deux acolytes : son sidekick, Lord Percy, qui est absolument stupide et qui incarne toute la nullité de la de la noblesse telle qu’on peut se la représenter dans l’imaginaire populaire, et Baldrick son domestique qui dans la première saison est le plus intelligent des trois, le plus rusé, le plus habile, mais cela va changer dans les saisons suivantes.

Dans la deuxième saison, la situation dans l’ordre de l’héritage s’est dégradée comme dans la vraie vie : quand on est fils de roi et qu’on a des enfants, des petits-enfants, des arrière-petits-enfants, ensuite leur proximité avec le roi est très éloignée donc Blackadder n’est plus qu’un Lord de la cour d’Élisabeth auprès de laquelle il essaie de se placer. Élisabeth est jouée par Miranda Richardson. Elle est entourée de ministres, notamment son Lord Chamberlain, Lord Melchett, qui est joué par Stephen Fry. Blackadder essaye donc de se placer pour obtenir des avantages ; il essaye notamment de séduire cette reine, ce qui ne marche jamais, car elle joue sur le mythe de la reine vierge, mais en même temps elle est entourée d’amants qui sont tous plus séduisants que lui, donc ça ne marche pas très bien.

Cette saison a la particularité d’être, pour des raisons d’économies, presque exclusivement tournée en studio. C’est donc quasiment du théâtre filmé qui se passe dans la salle du trône, ce qui ne l’empêche pas d’être très très drôle. On retrouve les mêmes personnages, les mêmes protagonistes, mais la nouveauté par rapport à la saison 1 c’est que le deuxième Blackadder est beaucoup plus intelligent que son prédécesseur et c’est par contre son domestique qui est complètement stupide. Donc là, on va jouer sur tous les aspects de l’histoire anglaise à ce moment-là, avec le début des colonies aux États-Unis, la découverte du Nouveau Monde, le passage à l’anglicanisme avec l’écrasement de l’Écosse et la réclusion de Marie Stuart, etc., mais toujours sur ce mode burlesque et bouffon.

La troisième saison se passe pendant la Régence. Il y a une Régence en Angleterre parce que le roi est fou et son fils, qui est joué par Hugh Laurie, assure la Régence et contrairement à ce qui se passe dans la réalité, ce régent et encore plus fou et stupide que son père et donc ils y a des débats pour envisager la trahison puisque qu’il y a la possibilité d’essayer de passer à l’alliance avec Napoléon.

Extrait de la quatrième saison de la série Blackadder où cinq personnages sont vêtus des uniformes de l'armée britannique.

La quatrième saison, au cours de la Première Guerre mondiale, se passe essentiellement dans les tranchées, avec un vrai regard cette fois-ci sur la stupidité de la guerre et le risque de mourir pour pas grand-chose. L’objectif de Blackadder qui est devenu un simple sergent ou lieutenant, enfin un petit gradé, c’est simplement de ne pas mourir et Baldrick, son ordonnance, va essayer de l’aider à ne pas mourir. On va voir les dures conditions de vie des anglais à ce moment-là. Baldrick va devenir spécialiste dans la préparation du rat sous toutes ses formes. Les protagonistes vont essayer de se faire réformer à chaque épisode et ça ne va pas marcher. La lignée va s’interrompre en 1917 quand ils vont se retrouver à devoir exécuter un ordre absurde et on suppose qu’ils vont se faire tuer mais on n’en est pas certain…

… et peut-être pas, puisque dans les épisodes bonus qui existent, il y a un épisode qui se passe dans les années 10 000 où Blackadder est dans un vaisseau spatial et il a inventé une machine à remonter le temps ce qui va lui permettre de remonter le temps, d’aller voir ses ancêtres et de mettre, comme souvent dans les histoires de voyages à remonter le temps, la pagaille dans l’histoire officielle, agissant sur ses ancêtres en les faisant agir de façon différente.

Dans les autres épisodes spéciaux, il y a un épisode qui porte sur la révolution anglaise qui n’avait pas été traitée dans la série, au moment où les Têtes-Rondes vont affronter les cavaliers : c’est un épisode d’une heure et demie, il y a également un épisode de Noël qui présente un Blackadder du 19e siècle qui est très, très méchant et qui a une vision de ce qu’ont été ses ancêtres. Il découvre que la méchanceté ne payait pas. C’est donc tout à fait inspiré d’un Conte  de Noël de Charles Dickens donc on reste dans cette veine où on utilise la littérature anglaise pour faire quelque chose de comique avec notre personnage.

Pourquoi est-ce que j’aime cette série ?

Cette série est vraiment drôle et ce que je vous en ai raconté ne donne pas forcément cette idée mais c’est vraiment du comique à la fois visuel, du comique de répétition, du comique sur les citations, qui sont déformées, sur les situations et c’est vraiment très drôle.

Rowan Atkinson est, je trouve, incomparablement plus drôle encore que dans Mr Bean parce que dans Mr Bean, on est plus habitués, peut-être, à ces personnages un petit peu décalés, ceux qui ont été créés par Jacques Tati, par exemple. On a déjà vu ça, alors que là, dans les saisons au Moyen-Âge, il porte une espèce de collant noir, un affreux petit chapeau, pas vraiment pointu mais conique, une petite fraise qui lui serre le cou et rien que de le voir déjà, il est drôle à regarder.

C’est de l’humour anglais donc avec des choses complètement absurdes qui se produisent : il y a un épisode, par exemple, où on essaye d’organiser des festivités pour le remariage du roi, le père de Blackadder. Les numéros sont plus stupides et plus absurdes les uns que les autres et on va d’abord assister à l’audition des participants et on va penser qu’ils n’ont pas été retenus tellement ce qu’ils font est nul. Ensuite, on va avoir la surprise amusée de les voir figurer au banquet et évidemment tous les convives s’ennuient mortellement puisque c’est nul. Donc tout est comme ça. Les références à l’histoire anglaise qui ne sont ni vraies ni fausses et qui demandent d’aller un peu chercher par soi-même, c’est quelque chose qui est amusant en soi et également le plaisir de retrouver les personnages et les acteurs qui les jouent, d’une saison à l’autre, mais qui ne sont pas exactement les mêmes puisque plusieurs générations ont passé.

De voir cette mesure du temps, c’est quelque chose qui est intéressant et amusant. De voir que notre héros, au départ, est fils de roi mais ensuite il va être Lord, dans la troisième saison, il est simplement majordome à la cour et dans la quatrième, c’est monsieur Tout-le-monde, c’est quelque chose qui, à ma connaissance, est assez inédit dans les séries, en tout cas dans les séries des années 80. Qu’en même temps, il continue à fréquenter les mêmes personnes puisque les descendants de ses compagnons de première génération sont encore présents, c’est intéressant également. De voir des petits messages anti-royauté assez amusants de la part de britanniques aussi, vu qu’il est de moins en moins bête au fur et à mesure qu’il descend dans la société : quand il est fils de roi il est complètement stupide, quand il est Lord, c’est un peu moyen et puis le monsieur Tout-le-monde est en fait le plus touchant. Il n’a tout simplement pas envie de tuer d’autres humains et il veut juste rester en vie et toutes les choses pendables et comiques qu’il va faire, ça va être dans cet objectif là et pas du tout pour s’enrichir ou pour avoir le pouvoir. Au final, il a gagné à chuter dans la hiérarchie sociale en tant qu’être humain, et c’est plutôt sympathique comme façon de voir le monde et assez surprenant pour une production de la BBC.

Que vous dire d’autre sur cette série ?

Je ne suis pas quelqu’un qui regarde beaucoup de séries, donc je ne suis pas sûre de pouvoir identifier beaucoup de séries qui auraient le même procédé. Effectivement quand j’avais 13 ans, les deux seules séries que je connaissais et qui passaient à la télévision, il y en avait une que je regardais qui était Sherlock Holmes et l’autre que je ne regardais pas, c’était Benny Hill. Pour moi l’humour anglais, c’était un gros monsieur qui courrait après des femmes toutes nues et ce n’était pas très, très drôle. D’avoir découvert que l’humour anglais c’était autre chose en fait et que c’était plus basé sur l’absurde et les situations, c’était vraiment une révélation.

Montage photo de la série Monty Python's Flying Circus.
Les 6 memebres du groupe sont réunis dans ce qui semble être une tête géante.

Ça fait donc plus penser au Monty Python que moi j’ai découvert après. Surtout leurs films, et puis les épisodes des émissions qui ont vraiment cet aspect-là où on va mêler de l’histoire avec de l’absurde et des costumes et faire quelque chose qui est complètement délirant avec une petite base de faits historiques vrais. La différence selon moi avec les Monty Python c’est qu’avec les Monty python on est vraiment dans une logique de sketch où il n’y a pas de souci de continuité ni de faire évoluer des personnages dans l’histoire et dans le temps. Pour ceux qui connaissent les Monty Python et que ça fait rire, je pense que Blackadder vous fera rire aussi puisque c’est à peu près le même humour et la même absurdité.

Pour finir je ne peux pas résister à l’envie de vous chanter le début du générique en français :

🎵 Roulement de sabots sur la plaine, 🎵

🎵 Bonnes gens, enfermez vos fillettes, 🎵

🎵 Si l’odieux cavalier dégaine, 🎵

🎵 Il vous raccourcit d’une tête, 🎵

🎵 Blackadder ! Blackadder ! 🎵

🎵 Tu ne penses qu’à mal, 🎵

🎵 Blackadder ! Blackadder ! 🎵

🎵 Avorton infernal ! 🎵

🎶

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